Voilà déjà plus de dix ans que l'on sait que le disque optique ne sera pas éternel. Mais on se trompait peut-être sur la cause. On redoutait avant tout un problème externe au support : l'incompatibilité avec les nouveaux systèmes de lecture. Mais le rapport rendu le lundi 29 mars dernier sur la longévité de l'information numérique par des experts des académies des sciences et des technologies mettent le doigt sur un problème bien plus alarmant.

L'info tombe en plein milieu du journal télévisé : Attention ! Vos photos stockées sur CD s'effaceront au bout de quelques années ! Ouh là là ! Panique générale... que va-t-on faire ? Car il s'agit bien là d'une question qui concerne avant tout les particuliers, un public mal informé sur les risques, mais aussi certaines PME, cabinets médicaux ou mêmes services administratifs départementaux qui n'investissent pas dans des systèmes de stockage sécurisé. Les experts sont clairs : les CD, DVD, disques durs et blu-ray ne sont plus considérés comme des supports fiables. Le constat est là : les disques enregistrables se dégradent constamment, même s'ils ne sont pas utilisés. Précisons que nous parlons ici des supports enregistrables, puisque cette étude ne concerne pas les supports tels que film et albums qui bénéficient d'un système de gravure plus performant.

Plus concrètement, les tests annoncent une durée de vie se situant entre cinq et dix ans seulement et, dans le meilleur des cas, entre quinze et vingt ans, et ceci même si les supports sont correctement stockés et jamais manipulés ou utilisés. Constat encore plus étonnant et alarmant : les techniques les plus récentes ne sont absolument pas plus fiables. Le blu-ray est par exemple moins résistant au temps que le DVD-R, qui lui-même est plus fragile que le bon vieux CD-R. En ce qui concerne le disque dur externe, qui n'a jamais perdu l'ensemble de ses documents suite à une panne mécanique de l'appareil ou à une chute, un choc ? On estime d'ailleurs que la panne interviendra dans les trois à cinq ans. Un rapport qui casse donc bien des idées reçues et qui montre que les constructeurs ne maîtrisent pas les processus de fabrication à la perfection puisqu'on constate également des délais de vieillissement différents entre produits de même marque.

À cela, les experts répondent par des recommandations : la mise en place d'une véritable politique d'archivage numérique et le développement de la recherche. Il s'agit d'encourager l'innovation par le soutien aux entreprises qui mettent au point de nouvelles techniques afin de trouver un support de copie définitive. Certaines techniques innovantes commencent doucement à faire parler d'elles comme c'est le cas pour le Century Disc, un disque gravé sur verre trempé inventé dans les années 80. Un nouveau support qui semble plus fiable mais très coûteux. N'oublions pas les services de stockage en ligne qui semble la solution miracle mais également très coûteux. En attendant le messie, le mieux que l'on puisse recommander à un particulier pour sauvegarder ses trésors : copier ses documents à la fois sur au moins un disque optique et un disque dur magnétique, puis tout recopier régulièrement tous les quatre ans sur des disques neufs. Une opération laborieuse mais nécessaire. Pour quantifier ce travail, il a été calculé que si 25 millions de Français faisaient cette manipulation assidûment, cela représenterait entre 100 gigaoctets et 1 teraoctets de données au bout de 25 à 50 ans par foyer et demanderait une dépense de 100 à 1000 euros par an et par foyer, sans compter la consommation énergétique.

(Extrait de AfnorBIVI, 23/06/2010)